Huile sur toile, 112 x 122 cm
« Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. » C'est ce que rapporte l'évangéliste Jean au chapitre 19, verset 17, (version : Bible officielle liturgique publiée par les évêques catholiques francophones).

« Il » est Jésus-Christ, le Messie, qui, selon la foi chrétienne, y a été crucifié avec deux autres condamnés. Les occupants romains de Judée avaient prévu pour lui la méthode d'exécution la plus cruelle de leur temps. Car l'homme, considéré comme le Fils de Dieu, qui annonçait le Royaume de Dieu à venir et se disait Roi des Juifs, défiait le pouvoir politique et religieux des Empereurs romains déifiés. Dans les provinces rurales en particulier, le christianisme a reçu un fort écho au sein de la population, ce qui posait un problème croissant aux autorités romaines, dont la réaction était d'une rigueur brutale. La crucifixion de Jésus sur le site d'exécution du Golgotha, alors situé en dehors de la ville de Jérusalem, a inspiré d'innombrables artistes. C'est l'un des mythes centraux de la foi chrétienne. La peinture de Martin Rabe s'inscrit ainsi dans une longue tradition. Ce n'est qu'au deuxième coup d'œil que les trois croix de sa peinture se révèlent au spectateur, ce qui correspond à son style de peinture typique : des couleurs vives, qui, prenant des formes parfois tourbillonnantes, parfois déchirées sont ici apprivoisées avec peine.

L'archéologie a prouvé l'existence de la carrière de Golgotha, un endroit chauve aux couleurs grise et brun. Rabe la transforme en une mer de couleurs contrastées, dans laquelle les éléments feu, eau, air et terre exécutent une danse sauvage. Les forces élémentaires de la nature se déchaînent sombrement et inexorablement sur la scène de la crucifixion, dévorant tout sur leur passage. Ici aussi, Rabe recourt aux motifs bibliques qu'il traite de manière moderne. Les évangélistes parlent des ténèbres qui ont accompagné la mort de Jésus, un tremblement de terre au cours duquel les rochers se sont fendus et le rideau du Sanctuaire juif se déchirait en deux. La conclusion : «  Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Évangile de Marc, chapitre 15, paragraphe 39).

Dans l'Antiquité, les éléments frénétiques proclamaient souvent un jugement divin et la fin du monde existant : tout comme les sources rabbiniques et hellénico romaines, l'Ancien Testament fait état de l'obscurité lors de la mort de personnalités exceptionnelles. Dans l'Ancien Testament et dans les attentes apocalyptiques du judaïsme, la destruction du Temple de Jérusalem est l'un des événements centraux du jugement de Dieu. Dans ce contexte, la déchirure du rideau dans le temple, derrière lequel le saint des saints était caché aux yeux du monde sous peine de mort, représente un événement sans précédent aux conséquences imprévisibles.

Ses études ont conduit Martin Rabe à Stuttgart et à Vienne : la peinture, la plastination et l'histoire de l'art étaient au programme. Le polyvalent Martin Rabe s'est également intéressé au théâtre et à la scénographie, à la littérature et à la musique. Il a publié des livres, dont une histoire de l'art de l'Europe et la série « Classiques illustrés de la littérature mondiale ».