Médias mixtes, 68 x 88 cm
« Infini » a été exposé pour la première fois à l'Académie lors du Forum de la calligraphie européenne (exposition « Links » ; anglais = liens) en 2011. Les différentes polices de caractères utilisées de manière magistrale permettent de reconnaître facilement que ce travail ait été réalisé par un calligraphe. « Infini » comporte trois polices différentes et des références chrétiennes, romaines et sumériennes. Un regard plus attentif révèle l'élément chrétien : le clou qui traverse le poignet ainsi que le sang qui coule. Garcia dépeint la scène de la crucifixion, et avec l'infini l'un des attributs de Dieu : Dieu est infini, mais la création - l'homme - est finie. Garcia met un motif religieux en rapport avec la calligraphie et son passé de mineur (ici grâce à la coloration). La citation principale latine sur le tableau est un extrait du 2ème livre « Transition vers le cosmique » issu de l'œuvre « De rerum natura » du poète et philosophe romain Lucrèce (Titus Lucretius Carus). Lucrèce a vécu au 1er siècle avant J.-C. et philosophait déjà à l'époque sur l'infinité du monde/de l'univers et la curiosité humaine : « Mon esprit en effet cherche à l'aide de la raison, puisque l'espace n'a pas de bornes et qu'il faut franchir les limites de notre univers, ce qui se passe là où l'âme seule peut voir et où l'esprit, seul, à sa liberté, peut voler à son aise… » (Traduction par Ernest Lavigne, 1870)

Garcia présente trois polices dans « Infini ». Le latin, dans de différentes variantes, domine le tableau. S'y ajoutent les écritures cunéiforme et sütterlin (une écriture allemande utilisée dans la première moitié du siècle dernier). Pour réaliser ses collages, Garcia utilise des matériaux qu'il trouve sur les marchés aux puces - comme en témoignent les lettres manuscrites en Sütterlin. Un ovale derrière le bras est couvert de fines rainures, que l'expert identifie comme une écriture cunéiforme. Outre les hiéroglyphes égyptiens, l'écriture cunéiforme sumérienne est le plus ancien système d'écriture du monde connu aujourd'hui. Elle a été utilisée entre 3.300 avant J.-C. et au moins 100 après J.-C. pour écrire en plusieurs langues au Proche-Orient.

Vitoriano « Vito » Garcia (*1956 à Forbach, France) utilise souvent le fer pour réaliser ses travaux, ce qui se reflète également dans cette œuvre (la coloration du bois utilisé et le fond ressemblent au fer rouillé). Leur tridimensionnalité est une autre caractéristique de ses travaux de calligraphie : ici, le bras émerge plastiquement de l'œuvre, tandis que l'écriture cunéiforme est authentiquement gravée dans le tableau. Il vit et travaille à Rouhling, en Lorraine. Ancien mineur et autodidacte, il se consacre aujourd'hui entièrement à la calligraphie. Il donne des cours, anime des ateliers et participe à de nombreuses expositions collectives et individuelles. Son thème principal est l'essor et le déclin de l'industrie minière dans sa Lorraine natale.